cuirartis

Daniel Portalès
Daniel Portalès
Daniel Portalès

Dimanche dernier, je suis passée chez mon ami Daniel Portalès, aux alentours de Genève.

C’est lui qui, il y a deux ans lors d’un stage, m’a initié aux moulages du cuir, m’a appris la technique du laçage et donné pleins de tuyaux qui me sont très utiles encore aujourd’hui !

Daniel est un chasseur passionné (il chasse à l’arc) et grand amateur de couteaux, comme tout bon chasseur qui se respecte ! Il a commencé à fabriquer des étuis en cuir pour ses propres couteaux, puis pour son entourage et au fil du temps, Daniel s’est fait une belle petite clientèle. Son site internet vaut le détour, pour admirer la qualité de son travail : www.cuirartis.com. Daniel travaille également les matériaux fossiles, tels que la corne de buffle noir et d’impala,

Cornes et bois
Cornes et bois

la défense d’hippopotame et de phacochère, la défense de morse fossilisée, l’os de zèbre stabilisé, le bois de renne, de cerf et d’élan. Daniel m’a montré comment façonner les matériaux fossiles, et j’espère pouvoir bientôt vous présenter quelques beaux bijoux et autres objets en cuir ornés d’os préhistoriques !

 

Le dernier gantier de luxe veut passer la main

Jean Strazzeri

 

Jean Strazzeri
Jean Strazzeri

Dans son atelier où s’étalent ciseaux, main de fer et cuir tannés, Jean Strazzeri est le dernier gantier de Grenoble, ville qui, au XIXe siècle, s’enorgueillissait d’être la capitale mondiale du gant de luxe, mais cherche aujourd’hui à transmettre son savoir-faire.

« Je fabrique environ 200 paires de gants par mois, contre près de 300 douzaines de paires dans les années 1960 », relève avec regret Jean Strazzeri, unique meilleur ouvrier de France (MOF) de la profession et président de la Fédération française de la ganterie.

Une ganterie vers 1890
Une ganterie vers 1890

Dans la quiétude de son atelier, l’artisan est loin de l’effervescence du milieu du XIXe siècle lorsque Grenoble et sa région produisaient jusqu’à 1,5 million de paires par an pour ganter les mains de la bourgeoisie en France mais également à l’étranger, notamment en Angleterre, aux Etats-Unis et en Russie.

Les gestes restent les mêmes: étirer, couper, dresser, coudre. En tout, une trentaine d’étapes exclusivement manuelles et « difficiles à apprendre », qui s’enchaînent pour produire des gants sur-mesure, au quart de taille près, selon Jean Strazzeri.

A 59 ans, dont 45 à façonner la peau de chevreau, Jean Strazzeri qui a assisté à « la déchéance de la ganterie de luxe », passée de mode et concurrencée par les ganteries de Millau (Aveyron) au XXe siècle, rêve d’enseigner les gestes qu’il a lui-même appris auprès d’un maître gantier.

« Si j’avais le personnel qualifié, je pourrais produire trois fois plus », assure l’artisan qui déplore la disparition du CAP de coupeur.

Muni d’un simple certificat d’études, le gantier d’origine italienne envisage de mettre en place à Grenoble, dès 2010, une formation pour quelques ouvriers, afin d’assurer sa succession.

Il envisage aussi un « musée vivant » du gant pour « remettre à la mode ce symbole du luxe à la française ».

« J’ai fabriqué des gants pour le magasin Saks sur la célèbre 5e avenue à New-York, pour Harrods à Londres, mais aussi pour des boutiques au Japon, en Autriche et en Allemagne », se souvient-il.

Encore dernièrement, au cinéma, ses gants ont paré les mains des acteurs de Coco avant Chanel et Chanel et Stravinsky, l’histoire secrète.

Jean Strazzeri a été récemment « contacté pour des conseils » par une jeune entreprise grenobloise, FST Handwear, fraîchement installée à Grenoble et spécialisée dans la fabrication de gants en tissus synthétiques. Mais cette « relation » ne devrait pas se développer : un gouffre sur la façon de travailler sépare l’artisan du fabricant de prêt-à-porter.

FST Handwear, tout en revendiquant toutefois sa filiation avec « la capitale historique de la ganterie », s’est lancée dans la production de gants imprimés de motifs graphiques, en trois tailles, fabriqués au Maroc.

Conçus comme des accessoires de mode, les gants ont été écoulés la première saison (2008-2009) à 3.000 exemplaires.

FST Handwear envisage d’en écouler dix fois plus en 2010. « En France, mais aussi au Japon et aux Etats-Unis », espèrent ses dirigeants conscients que l’image du gant de luxe, véhiculée par les anciennes ganteries grenobloises, constituent « une caution » pour leur entreprise.

Mais pour Jean Strazzeri, cette relève n’est « pas vraiment » celle dont il rêvait.

 Article de Lepoint.fr – août 2009

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